Se rappeler que les nouveaux arrivants au Canada ont également combattu aux côtés de leurs consœurs et confrères indigènes et canadiens de naissance pour ce pays
De la réflexion et du souvenir à la construction et au renforcement de la mosaïque canadienne
Tout au long de l’histoire du Canada, les nouveaux Canadiens et les Canadiens de la première génération se sont battus pour leur patrie d’adoption. Pendant les Première et Deuxième Guerres mondiales, parmi les centaines de milliers de personnes qui se sont enrôlées pour combattre, beaucoup étaient originaires d’Europe centrale et orientale, des Antilles et d’Asie. Tous avaient choisi de se battre pour une nation qui n’avait pas encore pleinement accepté leur présence. Cette réalité est illustrée par les centaines de Canadiens d’origine chinoise qui se sont battus pour le Canada, mais qui se sont vu refuser le droit de vote jusqu’en 1947, et par les anciens combattants noirs et chinois à qui on refusait souvent des services et du travail à cause de la couleur de leur peau.
Le jour du Souvenir, nous réfléchissons aux sacrifices faits en notre nom par les soldats canadiens. C’est aussi un jour où les Canadiens réfléchissent à l’horreur qu’est la guerre, et à l’impact durable qu’elle a sur nos anciens combattants et leurs familles. L’hommage au sacrifice collectif que les Canadiens ont fait à la guerre se fait traditionnellement ensemble. Nous déposons des couronnes pour commémorer ceux qui ont perdu la vie, nous nous réunissons dans les assemblées scolaires ou au cénotaphe de notre localité. Cette année, nous nous souvenons séparément. Pourtant, notre distanciation sociale reste un acte collectif. Nous avons radicalement changé notre vie quotidienne pour combattre la propagation communautaire de la Covid-19, de la même manière que nous avons adopté le rationnement de la nourriture et des vêtements pendant la Seconde Guerre mondiale. Les pandémies, comme la guerre, nous rappellent brutalement que nous, Canadiens, traversons ces situations ensemble et que ceux qui se battent pour notre santé et notre liberté collectives devraient à juste titre être honorés pour leur sacrifice.
Le soldat Mascoll MacDonald Best, originaire de la Barbade, un pays des Antilles, a combattu aux côtés des troupes canadiennes en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est mort au service du Canada. Photo gracieuseté de Richard Best
Alors que nous nous souvenons, nous devons également agir. Nous, en tant que Canadiens connectés au réseau N4, devons être conscients du rôle que nous jouons dans notre projet collectif appelé Canada. Comme beaucoup de nos nouveaux arrivants le savent trop bien, la guerre n’est pas une chose du passé. La nécessité d’une action collective est omniprésente également, car nous le savons de la lutte que nous menons contre la Covid-19. Aujourd’hui, l’incertitude règne dans le monde et nous continuons à assister à une augmentation des personnes déplacées de force de leurs maisons. Dans ce contexte, nous devons aborder notre travail en sachant que les nouveaux Canadiens que nous accueillons pourraient un jour se battre pour nous, comme ils l’ont fait depuis la création de notre nation. Nous devons donc nous battre pour qu’ils soient accueillis et intégrés au Canada à bras ouverts, car nous sommes tous concernés.
Les extraits ci-dessous vous permettront d’en savoir plus sur nos vétérans issus de minorités ethniques et raciales :
Le Projet Mémoire — une partie d’Historica Canada, les créateurs des « Minutes du patrimoine »
leprojetmemoire.com
Aujourd’hui, Toronto est la ville la plus multiculturelle du monde, mais dans les années 1940, il était encore courant que les minorités racialisées se voient refuser des services, comme le montre cet extrait de l’histoire de George Carter dans le cadre du Projet Mémoire : « ... vous remontez la rue Bay avec votre veste et vous allez quelque part pour prendre un verre ensemble. Et le type dit : “Eh bien, nous n’avons pas l’habitude d’avoir des gens de couleur ici et ainsi de suite.” »
La Société historique du Canada — « Les minorités ethniques pendant les deux guerres mondiales » de John Herd Thompson
L’internement des Canadiens japonais pendant la Seconde Guerre mondiale est bien connu, mais on en sait moins sur les mêmes tendances du nativisme et du sectarisme qui ont conduit à l’internement des Canadiens d’origine d’Europe de l’Est pendant la Première Guerre mondiale. Les écrits de Herd Thompson sur notre histoire de sectarisme envers les communautés minoritaires pendant la première moitié du 20e siècle nous rappellent que les sentiments nativistes envers les nouveaux immigrants sont endémiques dans la culture canadienne.
« Leurs (les immigrants d’Europe de l’Est placés dans des camps d’internement pendant la Première Guerre mondiale) dossiers individuels énumèrent de nombreuses raisons d’internement. Moins d’un tiers étaient en fait des réservistes ennemis, d’autres avaient été arrêtés pour ne pas s’être enregistrés, pour avoir voyagé sans autorisation, pour avoir “utilisé un langage immodéré”, pour avoir agi de “manière très suspecte”, pour avoir été “de caractère instable”, ou simplement pour avoir été “indésirables”. Six Ukrainiens ont été internés pour avoir menti sur leur pays de naissance afin de s’enrôler ! »
Collin Smith, étudiant à l’université Carleton
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