Au mois d’octobre de cette année, le gouvernement du Canada a présenté un plan d’immigration révisé pour les années à venir. Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a annoncé qu’entre 2021 et 2023, le Canada prévoit accueillir environ 400 000 immigrants par an. À la lumière de cette nouvelle, les professionnels travaillant avec les nouveaux arrivants dans les secteurs de la santé, du droit et de l’établissement, entre autres, doivent pouvoir se préparer à accueillir des réfugiés et des immigrants de cultures et de milieux différents.
Dans les années à venir, il est possible que des Rohingyas immigrent au Canada à cause des persécutions et du génocide qu’ils subissent dans leur pays d’origine, le Myanmar. Comme pour tout groupe, l’adaptation au Canada sera difficile pour les Rohingyas. Pour faciliter cette transition, il est important que les professionnels apprennent davantage sur ce peuple et continuent à le faire afin de mieux les soutenir dans les changements qui affecteront leur vie.
Les Rohingyas viennent de l’État le plus pauvre de tout le Myanmar. Près d’un million d’entre eux ont quitté leur pays d’origine depuis la fin des années 1970 et 55 % de tous les réfugiés sont ou ont été des enfants. Il est important de garder à l’esprit que ces enfants auront des difficultés à s’adapter à leur communauté scolaire et auront besoin d’un soutien important pour faire face à leurs traumatismes.
Les Rohingya parlent le Rohingya ou Ruaingga, un dialecte qui leur est propre et qui n’est parlé nulle part ailleurs au Myanmar. La collaboration avec des experts en dialecte Rohingya facilitera le travail des professionnels et des organisations qui aideront le groupe dans sa transition. Les expériences des Rohingyas, au fil des décennies, ont été tout simplement traumatisantes. Il faudra du temps et beaucoup de soins pour qu’ils se sentent vraiment en sécurité au Canada. En particulier, beaucoup d’enfants seront confrontés, pendant des années, aux scènes de mort et de destruction qu’ils ont vues dans leurs villages. Il est crucial d’établir un sentiment de confiance et de soutien pour les réfugiés et les migrants Rohingyas. Les expériences qu’ils ont vécues au Myanmar, où les militaires continuent de commettre des crimes odieux à leur encontre, les ont rendus las de faire confiance aux représentants du gouvernement.
Rohinga - photo de Doinik Barta
Étant donné que les Rohingyas sont un groupe majoritairement musulman, ils ne consomment pas de porc ou d’autres animaux qui n’ont pas été abattus rituellement selon leur tradition halal. En outre, ils observent la prière 5 fois par jour, face à la Mecque, et doivent disposer des installations nécessaires pour se laver et se nettoyer correctement avant la prière. Les Rohingya ont fait preuve d’un engagement immense envers leur religion. Ils jeûnent pendant le mois sacré du ramadan, même dans les camps de réfugiés au Bangladesh pendant la pandémie de Coronavirus.
Pour les Rohingyas, qui ont été privés de nombreux droits religieux alors qu’ils vivaient au Myanmar, la possibilité de pratiquer librement leur religion est incroyablement importante. En tant que groupe de dévots, beaucoup d’entre eux trouveront réconfort et paix de pouvoir prier et s’engager ouvertement dans leurs croyances. Les Rohingyas qui travailleront au Canada devront être aidés à trouver un travail qui leur permettra de prier, notamment dans des lieux tranquilles et désignés.
Une majorité de la population du Myanmar est incroyablement superstitieuse et croit en des choses comme les diseuses de bonne aventure et l’astrologie. Il est important de noter que, contrairement au bouddhisme qui est la principale religion pratiquée au Myanmar, dans la religion islamique, la voyance et les voyants sont considérés comme de la magie noire. On dit que ces choses vont à l’encontre des enseignements du Coran et sont interdites. Bien qu’il existe de nombreuses croyances superstitieuses au Myanmar, on peut supposer que les Rohingyas, qui sont très religieux, ne partagent pas ces croyances.
Il y a encore beaucoup à apprendre sur les Rohingyas. À l’heure actuelle, il y a peu d’informations sur le groupe et beaucoup plus de connaissances seront acquises grâce à une réelle interaction avec eux. Les immigrants, et ce qu’ils offrent à notre société, sont essentiels pour le Canada. Certains peuvent considérer les migrants et les réfugiés sous un angle négatif, comme s’ils étaient des « profiteurs » du gouvernement canadien ou des « voleurs d’emplois canadiens ». Mais il est important que nous nous posions cette question : en tant que Canadiens, voulons-nous vraiment occuper les emplois que les migrants sont censés nous « prendre » ? Je n’ai jamais vu un Canadien de la cinquième génération être enthousiaste à l’idée de travailler comme concierge dans une école, mais j’ai vu un immigrant d’un pays en difficulté sauter sur l’occasion. Il est important de se rappeler que les immigrants et les réfugiés peuvent être très instruits ou avoir vécu une assez bonne vie dans leur pays d’origine ; cependant, pour beaucoup, leur éducation n’est pas reconnue lorsqu’ils viennent au Canada et ils font face à des changements monumentaux dans leur mode de vie. Ils mettent leur fierté de côté et acceptent des emplois peu rémunérés afin de pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il existe de nombreuses idées préconçues qui façonnent notre vision de ce que sont les réfugiés et les migrants. Il est important de toujours mettre cela de côté et de reconnaître qu’avant tout, ce sont des gens qui ont besoin d’aide et de compassion pour pouvoir s’adapter à la vie ici. La culture canadienne n’existe pas sans les migrants, da fait, elle a été créée et façonnée par des migrants.
Millie Lazovic, étudiante à l’université Carleton
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