Tamara Mosher-Kuczer, avocate expérimentée en droit de l'immigration, a fait part de son parcours et de son point de vue sur les défis importants auxquels sont confrontés les nouveaux arrivants au Canada. Sa carrière en droit de l'immigration est profondément ancrée dans son parcours personnel. L'expertise et le dévouement de Tamara lui ont valu le titre de spécialiste agréée en droit de l'immigration et de la citoyenneté décerné par le Barreau de l'Ontario. Elle participe activement à la section Immigration de l'Association du Barreau canadien (ABC), à l'Association canadienne des avocats spécialisés en droit de l'immigration (CILA) et au Barreau de l'immigration d'Ottawa. En tant que première coordinatrice du portail IRCC pour l'exécutif de la section immigration de l'ABC et ancienne coordinatrice des relations extérieures, Tamara partage fréquemment ses idées lors de conférences.
Inspiration et premières influences
Le parcours de Tamara pour devenir avocate spécialisée en droit de l'immigration a été influencé par l'histoire de sa famille en matière d'immigration. La famille de son père a immigré au Canada lorsque son père avait 16 ans. Cette histoire d'immigration est devenue une partie essentielle de son identité. Elle a été exposée très tôt à diverses cultures, en fréquentant un internat avec des camarades du monde entier et en participant à un programme d'échange au Japon. Pour approfondir sa perspective mondiale, Tamara a enseigné l'anglais en Thaïlande, a fait du bénévolat dans des fermes biologiques en France et a fait du bénévolat à la Halifax Refugee Clinic pendant ses études de droit. Un stage au Cambodge avec Bridges Across Borders a également contribué à sa compréhension des questions d'immigration.
La carrière de Tamara a officiellement commencé par des stages en droit pénal, en droit de la famille et en droit du travail. Cependant, elle s'est rapidement rendu compte que ces domaines n'étaient pas sa vocation. Un entretien avec un cabinet d'avocats spécialisé en droit de l'immigration a marqué un tournant dans sa carrière, car elle a trouvé les défis du droit de l'immigration fascinants. C'est ce qui l'a confortée dans sa décision de se lancer dans le droit de l'immigration. Elle a passé neuf ans dans ce cabinet avant de créer son propre cabinet, Lighthouse Immigration Law, en janvier 2023.
Défis pour les nouveaux arrivants et les professionnels de santé internationaux
Tamara a mis en évidence plusieurs défis importants auxquels sont confrontés les immigrants, en particulier les professionnels de santé internationaux, au Canada. Le nombre élevé de points requis pour obtenir la résidence permanente est devenu un obstacle majeur. Ce changement affecte de manière disproportionnée les professionnels plus âgés, y compris les médecins expérimentés, qui perdent rapidement des points après l'âge de 30 ans et n'en reçoivent plus après l'âge de 45 ans.
La maîtrise de la langue est un autre problème crucial. De nombreux immigrants ont du mal à acquérir les compétences linguistiques nécessaires pour obtenir un nombre élevé de points dans le système d'entrée express. En outre, le processus d'obtention d'une évaluation de l'impact sur le marché du travail (EIMT) ou d'une offre qualifiante d'emploi réservé, nécessaire pour obtenir des points supplémentaires, est coûteux et prend du temps pour les employeurs.
Les médecins sont confrontés à des défis uniques, notamment la difficulté d'obtenir une licence au Canada. L'absence d'un processus clair et simple les laisse souvent dans l'incertitude quant à la marche à suivre. En outre, le manque de médecins au Canada est un problème plus général qui touche tout le monde, et pas seulement les immigrants.
Défis pour les hôpitaux dans l'emploi de professionnels de santé internationaux
L'expérience de Tamara en tant que représentante d'hôpitaux pour l'obtention d'EIGM pour les médecins et les infirmières a révélé plusieurs défis communs. Souvent, ce sont les différents services de l'hôpital, et non l'hôpital lui-même, qui gèrent le processus d'EIMT, ce qui entraîne un manque de connaissances et de coordination au sein de l'établissement. Cette approche cloisonnée fait que chaque service repart à zéro pour chaque demande d'EIMT.
Le mode de rémunération des médecins est également source de complications. Les paiements sont souvent effectués par l'intermédiaire de sociétés professionnelles, qui peuvent être individuelles ou collectives, et qui incluent parfois des emplois universitaires. Le fait que les universités soumettent les EIMT alors que ce sont les hôpitaux qui devraient le faire peut encore compliquer le processus. Tamara préconise que les services des ressources humaines des hôpitaux prennent en charge les demandes d'EIMT afin de garantir une approche plus rationnelle et plus efficace.
Recommandations pour l'amélioration du processus d'immigration
Afin d'améliorer et de simplifier le processus pour les médecins internationaux, Tamara propose plusieurs mesures. Idéalement, il faudrait supprimer les exigences de l'accord LMIA pour les médecins et les infirmières, en créant pour eux une catégorie de permis de travail exemptée de l'accord LMIA. Cela pourrait se faire en intégrant cette catégorie dans la catégorie C10 « avantages importants ». Une autre solution consisterait à accorder une dispense de publicité pour ces fonctions, compte tenu des pénuries de main-d'œuvre connues, afin d'alléger la charge qui pèse sur les hôpitaux et les cliniques.
Il est également essentiel de clarifier le statut d'emploi des médecins cliniciens à des fins d'immigration. Nombre d'entre eux sont actuellement considérés comme des non-salariés et perçoivent des allocations plutôt que des salaires, ce qui complique leur demande de résidence permanente.
Tamara appelle également à des tirages au sort plus fréquents dans le domaine de la santé dans le cadre du système d'entrée express, tant au niveau fédéral que provincial. Ces tirages devraient être plus larges et plus inclusifs, en évitant les sélections trop spécialisées qui ne répondent pas aux besoins généraux en matière de soins de santé.
L'avenir de l'immigration et de l'intégration au Canada
Tamara a fait part de ses préoccupations concernant l'augmentation du nombre de points du système de classement global (SRC), qui rend plus difficile l'obtention de la résidence permanente pour les personnes plus âgées et celles qui ont des compétences linguistiques moyennes. Cette situation crée de l'incertitude pour les résidents de longue durée et leurs employeurs, ce qui a un impact sur leur capacité à planifier leur avenir, à acheter une maison et à s'enraciner d'une manière ou d'une autre.
En outre, elle a souligné la montée du sentiment anti-immigrant au Canada, qui reflète les tendances inquiétantes observées dans d'autres pays. Pour lutter contre ce phénomène, Tamara estime que le fait de souligner le rôle essentiel des immigrants dans la satisfaction des besoins du Canada en matière de soins de santé pourrait contribuer à modifier le discours et à renforcer la valeur de l'immigration pour l'avenir du pays.
En conclusion, les réflexions de Tamara Mosher-Kuczer soulignent les complexités et les défis de la législation sur l'immigration au Canada, en particulier pour les professionnels de la santé. Ses recommandations visent à simplifier les processus, à résoudre les problèmes systémiques et à promouvoir un système d'immigration plus accueillant et plus efficace.