Nenyo Kwasitsu est secrétaire des programmes d’études supérieures à l’université Dalhousie et membre du conseil d’administration de l’association des femmes immigrantes et migrantes d’Halifax (IMWAH), où elle est également coordonnatrice de projet pour les séances de projet d’art et de narration avec les femmes immigrantes et migrantes et leurs enfants.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous réinstaller au Canada ?
Je suis ghanéenne de naissance. Dans les années 1990, mon père a suivi des cours pendant 6 mois à l’université de Dalhousie et il a adoré. Lorsque j’ai terminé mes études de droit au Ghana, j’ai travaillé pour une organisation à but non lucratif qui aidait les jeunes qui avaient été emprisonnés et maltraités pour avoir commis des délits mineurs. Il s’agissait de jeunes qui avaient commis des crimes anodins simplement pour survivre. Nos lois étaient draconiennes et soumettaient ces jeunes à des difficultés indues et à des résultats lamentables. J’ai donc décidé d’obtenir une maîtrise en droit à Dalhousie pour explorer de meilleures voies de justice sociale et de politiques systémiques qui pourraient aider ces jeunes et leur donner l’espoir d’un avenir meilleur. Je suis arrivée au Canada en août 2017.
Quels ont été vos premiers succès et défis ?
Je viens d’une famille très nombreuse où frères et sœurs, cousins et famille élargie m’entouraient et représentaient un réseau social proche et solidaire, quand je suis donc arrivée à Halifax, je me suis sentie submergée par la solitude et l’isolement. J’errais sur le campus universitaire comme un fantôme, me sentant invisible, non incluse et étrangère. Mais cela a changé lorsque j’ai rencontré Irena, une fille du Kenya, qui étudiait dans la même université. Elle m’a fait me sentir comme à la maison en m’emmenant à un restaurant ghanéen, plus tard en me présentant à un groupe d’autres étudiants étrangers de différentes parties du monde. Ils m’ont accueillie avec chaleur et inclusion, et m’ont redonné le sentiment d’appartenir à une communauté. Dans un sens, ce groupe diversifié d’étudiants étrangers est devenu ma communauté.
Je travaillais sur le campus en tant qu’étudiante qui prenait des notes, mais j’ai fini par obtenir un emploi au YWCA de Halifax, où j’animais des ateliers pour les femmes nouvellement arrivées en partageant avec elles des conseils et des stratégies sur la façon de survivre en tant que nouvelle arrivante au Canada. J’ai découvert l’association des femmes immigrantes et migrantes et je suis devenue membre du conseil d’administration. Ma propre expérience relativement au sentiment d’isolement et d’envie de faire partie d’une communauté a joué un rôle déterminant pour aider ces femmes à s’adapter et à se sentir à leur place. Je suis reconnaissante d’avoir eu la possibilité de suivre le programme N4 en ligne et de développer davantage de compétences pour aider les nouveaux arrivants. Le programme est le complément parfait à mes intérêts en matière de justice sociale et ma passion pour aider les nouveaux arrivants à s’adapter à la vie dans un pays étranger, nouveau, mais accueillant. Ce programme m’a aidé à comprendre la complexité des différents systèmes du Canada, y compris les services sociaux et de santé, et les défis communs que rencontrent les professionnels des différents secteurs pour aider les nouveaux arrivants à s’installer. En même temps, j’ai appris à quel point ces professionnels doivent faire preuve de compassion lorsqu’il s’agit d’aider les autres.
Nenyo a également étendu sa propre compassion aux jeunes femmes locales en les aidant à surmonter les difficultés socio-économiques et à se construire un avenir plus positif grâce au programme Sister to Sister High School de l’Université Dalhousie.
Quels sont les aspects du Canada que vous appréciez le plus ?
Je suis touchée par la diversité du Canada et par l’aide que les gens apportent en général. J’aime aussi la neige, c’est vrai, tant qu’on est bien habillé. J’apprécie la beauté de cet endroit, il y a des parcs partout. J’ai même découvert et j’apprécie la soupe à la citrouille, la citrouille n’est pas originaire de mon pays.
Quels conseils donneriez-vous à un nouvel arrivant ?
Si vous ne connaissez pas quelque chose, demandez, et vous découvrirez la chaleur et la gentillesse que les Canadiens ont à offrir. Les nouveaux arrivants sont souvent trop timides pour poser des questions, ou ils ne savent tout simplement pas à qui s’adresser ni où trouver des informations.
Que pensez-vous de l’actuel mouvement mondial des droits civils ?
En tant qu’étudiante de longue date qui s’intéresse de près à la justice sociale, je pense que ce mouvement mondial des droits civiques est important et attendu depuis longtemps. Il met en lumière les injustices sociales dont sont victimes de nombreux groupes vulnérables dans le monde depuis des siècles. C’est une occasion pour nous tous de contribuer à un changement qui améliorera la vie des membres de la société les plus vulnérables et, mondialement, il aura des résultats positifs pour tout le monde.