Ce blogue est le dernier volet de la série Membre en vedette du N4, qui met en lumière le travail et les expériences diversifiés des membres du N4 partout au Canada.
La Dre Jill Konkin est professeure au département de médecine familiale de l’Université de l’Alberta (en anglais), où elle est également coordonnatrice intérimaire du stage en communauté rurale intégrée et codirectrice de la communauté de services et de bourses d’études en justice sociale pour le département de médecine familiale. Sa connaissance des communautés rurales canadiennes remonte à son enfance passée en Saskatchewan, dans une ville de 2 900 habitants.
Malgré sa longue carrière de médecin de famille en milieu rural, elle a commencé son parcours universitaire en étudiant les sciences politiques à l’Université Carleton, où elle a obtenu un baccalauréat ès arts en 1970. Ce parcours d’études a contribué à cimenter son engagement envers la justice sociale, qui a été un principe directeur tout au long de sa carrière et a alimenté sa passion pour l’équité en matière de santé.
Toute sa carrière a été axée sur la médecine rurale, qu’il s’agisse de la pratique à temps plein d’un généraliste rural complet pendant près de 20 ans en Alberta ou, plus récemment, de médecin suppléante dans des communautés rurales après être devenue universitaire à temps plein. Dans son rôle d’universitaire, elle a mis au point un programme de stage longitudinal intégré dans lequel les étudiants peuvent passer toute leur troisième année de médecine à vivre et à apprendre dans une communauté rurale de l’Alberta. Elle défend depuis longtemps l’importance de cette expérience de première main, car, selon elle, il n’y a rien comme voir pour le faire. Elle ajoute que la plupart des écoles de médecine canadiennes sont situées dans des zones métropolitaines et qu’il est essentiel que les étudiants en médecine aient la possibilité de se former dans les communautés rurales qu’ils peuvent un jour desservir.
La création de ces possibilités n’est pas simplement un obstacle logistique à surmonter, mais plutôt une question d’importance fondamentale, selon ses dires, à savoir celle de la responsabilité sociale dans les écoles de médecine. Elle s’est efforcée d’y remédier dans le cadre de son ancienne fonction de doyenne associée et directrice de division, Engagement communautaire, à la Faculté de médecine et de dentisterie de l’Université de l’Alberta. La division a été créée à partir de l’idée de mobiliser les communautés en les faisant participer aux discussions sur la meilleure façon de répondre à leurs besoins, y compris ce qui devrait être inclus dans les programmes d’études des écoles de médecine, les qualités que les étudiants doivent avoir et la façon dont ils doivent être sélectionnés.
Elle continue de faire la promotion du concept de responsabilité sociale dans les facultés de médecine en tant que codirectrice de la communauté de services et de bourses d’études en justice sociale. Ce programme est basé sur les principes de l’apprentissage du service communautaire et offre aux étudiants en médecine de première et deuxième année la possibilité de travailler avec des organisations communautaires. Il propose également des séminaires sur des sujets tels que la conscience critique, le pouvoir et les privilèges, dans le but de familiariser les étudiants avec la manière d’appliquer la théorie à la pratique dès le début de leur carrière médicale.
Tout en reconnaissant les nombreux défis posés par la pandémie de COVID-19, elle y voit une lueur d’espoir : « Les étudiants qui ont choisi des programmes ruraux ont en fait reçu une meilleure éducation grâce à la COVID ». Tous les stages ont pris fin en mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19, mais grâce au plaidoyer de Dre Konkin et de certains de ses collègues, les étudiants du stage communautaire intégré rural (SCI) ont pu recommencer à pratiquer après six semaines (contre trois mois pour leurs pairs urbains). Se souvenant de la motivation de son plaidoyer, elle déclare : « Ce sont ces gens qui vont gérer la prochaine pandémie pour nous... nos enseignants ruraux étaient contents d’avoir des étudiants dans les communautés, les étudiants étaient déjà là depuis le mois d’août de l’année précédente et faisaient donc partie intégrante de leurs équipes, et de la même manière, ils se protégeaient autant que possible alors que nous en apprenions de plus en plus sur le sujet... pourquoi les étudiants ne verraient-ils pas encore des gens atteints de cette maladie? »
Les étudiants qui ont effectué le stage communautaire intégré pendant la pandémie de COVID-19 ont également eu l’occasion de soigner beaucoup plus de patients par jour que leurs camarades des communautés urbaines, et de voir ces patients dans divers contextes (hôpitaux, cliniques et foyers). Ils ont pu acquérir une précieuse expérience de première main sur la manière de gérer une pandémie, tout en étant des membres authentiques de leurs équipes de santé rurales. Mme Konkin estime que cette expérience a permis à la pandémie de COVID-19 d’être « plus réelle pour eux, dans le sens où elle leur a permis de se protéger autant que possible tout en ayant une très bonne formation médicale ».
Au cours de sa carrière, la Dre Konkin a vu plusieurs vagues de professionnels de la santé formés à l’étranger (PSFE) venir au Canada et travailler comme médecins dans des communautés rurales. Il s’agit notamment de médecins de Grande-Bretagne et d’Irlande, d’Afrique du Sud et de médecins d’Afrique subsaharienne qui ont immigré au Canada depuis l’Afrique du Sud. Elle rappelle le rôle important que les PSFE ont joué dans la prestation de soins médicaux aux communautés rurales de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, mais fait remarquer qu’il est difficile de retenir ces professionnels dans les communautés rurales.
Pour en connaître davantage de la Dre Konkin sur la santé rurale, les nouveaux arrivants et les PSFE, inscrivez-vous au prochain webinaire de N4 intitulé « PSFE – comment répondre aux besoins médicaux des nouveaux arrivants dans les communautés rurales », le mercredi 25 mai à 13 h, HNE.