Chantal Arsenault, infirmière praticienne travaillant au Réseau de santé Horizon au Nouveau-Brunswick, est également apprenante au programme en ligne N4-Université Saint-Paul. Au début de sa carrière, Chantal interagissait rarement avec les nouveaux arrivants au Canada, car la majorité des patients auxquels elle avait affaire étaient des anglophones ou des francophones blancs qui avaient vécu au Nouveau-Brunswick pendant la majeure partie de leur vie. En 2015, à son retour de congé de maternité, Chantal a appris que le médecin avec lequel elle avait travaillé avait pris sa retraite au Québec et avait donc laissé à Chantal la gestion d’une situation en développement : prendre en charge un afflux important de réfugiés syriens qui étaient arrivés avec des problèmes complexes, des barrières linguistiques et des traumatismes. Il n’y avait pas de ressources immédiates en place pour fournir à ces nouveaux arrivants les soins socioculturels dont ils avaient besoin. Leur arrivée était un défi supplémentaire pour les services des urgences qui étaient déjà sous pression.
Une clinique temporaire a été créée pour prendre en charge tous les nouveaux arrivants et Chantal s’est retrouvée soudainement plongée dans un rôle nouveau et plus complexe. Elle a dû tout construire à partir de rien alors qu’il manquait des ressources et de connexions. Finalement, Chantal est devenue experte locale de la prise en charge des nouveaux arrivants en raison de son expérience avec ces derniers. D’autres professionnels de la santé demandaient conseil à Chantal. La clinique, qui devait à l’origine être temporaire, s’est transformée en un centre essentiel pour l’orientation des nouveaux arrivants.
Plusieurs choses ont plu à Chantal dans le programme N4-USP. Le fait de pouvoir établir des liens avec d’autres personnes travaillant dans le domaine de la navigation des nouveaux arrivants a révélé que beaucoup d’entre elles avaient connu des difficultés similaires, quel que soit l’endroit où elles se trouvaient, elles pouvaient se soutenir mutuellement en mettant en commun leurs ressources et en travaillant ensemble pour trouver des solutions aux problèmes communs auxquels sont confrontés de nombreux nouveaux arrivants au Canada. Il y avait également un sentiment de validation du fait que de nombreux autres professionnels des soins de santé, de l’établissement et des services sociaux s’occupant de réfugiés étaient confrontés aux mêmes défis que Chantal et ses patients.
Une leçon importante que le programme a enseignée à Chantal est qu’elle ne peut accomplir efficacement plusieurs tâches, et qu’il est préférable qu’elle se concentre sur une tâche à la fois. Comme elle l’a dit : « Je tiens à l’accessibilité, je veux être accessible à autant de personnes que je le souhaite. Mais ce cours m’a fait prendre conscience que si je suis accessible tout le temps, je donne accès à une personne, mais je refuse l’accès à une autre. Je suis plus apte à dire : je suis avec untel ou untel, attendez, on m’interrompt, je peux vous rappeler dans une seconde ? » Maintenant, je me rends compte que je ne peux pas, et ne dois pas, faire les deux en même temps, car cela m’empêche d’être une oreille attentive, tant pour mes patients que pour mes collègues. »
En tant que personne très sollicitée, à la fois en raison de son expérience et du manque de ressources, apprendre qu’elle ne peut tout simplement pas tout faire pour tout le monde en même temps a été une révélation précieuse. Chantal a également souligné que le cours et les interactions avec des collègues de différents secteurs ont mis en évidence l’importance d’avoir un programme d’orientation des nouveaux arrivants et un réseau où les professionnels au service des nouveaux arrivants peuvent partager des ressources et du soutien afin de mieux servir leurs patients.