Le présent blogue constitue le dernier volet de la série Membres en vedette du N4, qui met en lumière le travail diversifié des membres du N4 et leurs riches expériences, partout au Canada.
Bianca Briciu, est professeure adjointe à l’École Providence de leadership transformatif et de spiritualité à l’Université Saint-Paul. Éducatrice et chercheuse dévouée, elle est profondément fascinée par la libération du potentiel humain au moyen de diverses dimensions de l’intelligence, allant de l’intelligence cognitive à l’intelligence émotionnelle et spirituelle. Elle s’intéresse actuellement à l’intersection de l’intelligence émotionnelle et spirituelle, de la psychologie positive, de la pleine conscience et du leadership transformateur.
La soif d’aventure de Bianca
Bianca a vécu et étudié dans quatre cultures différentes, ce qui témoigne de sa perspective globale et de son respect pour la diversité culturelle. Le parcours de Bianca Briciu a commencé par un désir d’aventure qui l’a poussée à quitter la Roumanie. Son premier déménagement l’a conduite au Japon, où elle s’est lancée dans l’expérience d’étudiante internationale à l’Université de Kobe. Ce chapitre s’est échelonné sur six années transformatrices, créant un sentiment d’intemporalité alors qu’elle s’immergeait dans une nouvelle culture et un nouvel environnement.
Bianca s’est demandé si elle devrait s’y installer, compte tenu des liens qu’elle avait tissés et de l’intérêt qu’elle portait à la culture japonaise. Au cours de ces réflexions, la décision d’immigrer au Canada s’est imposée, car elle aspirait à la stabilité dans une société démocratique et multiculturelle. Ce changement a été facilité par un ami qu’elle s’était fait pendant son séjour au Japon et qui se trouvait être associé à l’Université de Carleton. Alors qu’elle entamait sa nouvelle vie au Canada, Bianca n’avait qu’une connaissance limitée des organismes d’aide à l’établissement, ce qui l’a obligée à naviguer dans ce nouveau paysage en tant que famille nucléaire. Le défi était d’autant plus grand qu’elle était alors une nouvelle mère, ce qui rendait l’adaptation encore plus complexe. Elle s’est inscrite à l’Université de Carleton, où elle a d’abord obtenu une maîtrise en études cinématographiques, puis un doctorat en médiations culturelles. Lorsque Bianca a terminé son doctorat, elle a déménagé en Thaïlande pendant trois ans, où son voyage de découverte et d’exploration académique s’est poursuivi.
Son approche de la santé des nouveaux arrivants
La vaste expérience de Bianca Briciu l’a non seulement dotée d’une capacité accrue à naviguer dans divers environnements, mais lui a également permis d’acquérir une compréhension systémique de la complexité de la société. En tant qu’éducatrice, elle reconnaît l’importance du bien-être émotionnel face aux défis de l’immigration, du choc culturel et de l’adaptation à de nouveaux environnements. Elle reconnaît que de nombreuses personnes qui immigrent se retrouvent coincées entre un sentiment de vide et le rejet pur et simple de leur propre patrimoine. Bianca explore le paysage complexe des problèmes de santé mentale et émotionnelle qui accompagnent fréquemment les migrations. Un désir fondamental d’appartenance apparaît comme une force motrice, souvent compliquée par la dure réalité que le statut d’immigrant et les différences culturelles peuvent avoir sur le sentiment d’appartenance.
Au-delà de la sphère personnelle, les recherches intellectuelles de Bianca s’étendent au contexte plus large de la crise des réfugiés et aux thèmes de la migration et de l’appartenance. La diversité des pays, des frontières et des tragédies qui se déroulent en leur sein et entre eux alimente son inquiétude face à l’incongruité entre la souffrance mondiale actuelle et nos préoccupations individualistes occidentales. Elle évoque la lutte de l’Europe pour faire face à l’afflux de réfugiés, qui sont parfois accueillis avec humanité et parfois victimes de violences indicibles, comme le montre le film Exodus-Our Journey to Europe (Exode – Notre voyage en Europe). Cette situation met en évidence la complexité des dynamiques en jeu, mais soulève également la question suivante : « Comment pouvons-nous accueillir les réfugiés tout en créant des programmes qui les aident et forment un système d’inclusion? ».
L’avenir de la santé des immigrants au Canada
Lorsqu’on l’interroge sur l’avenir de la santé des immigrants au Canada, Bianca répond : « La question est fascinante, car elle fait écho au problème de la santé mentale en général. J’envisage une façon de non seulement avoir accès à la santé médicalisée, mais aussi de mettre en place des processus où les nouveaux arrivants peuvent guérir collectivement grâce à l’établissement de soutiens communautaires plus efficaces. » Bianca estime que les réfugiés, en particulier, portent le poids des traumatismes, de la persécution, de la violence et des cicatrices de la guerre. Leur intégration réussie dans un nouveau pays, comme le Canada, dépend en grande partie de l’existence de processus efficaces pour les aider à surmonter ces défis. L’immigration en elle-même peut être une expérience traumatisante, synonyme de rupture avec un environnement familier et d’un profond désir d’appartenance à un nouveau milieu. Il est donc nécessaire de sensibiliser et de favoriser une compréhension globale des complexités de la santé mentale. À l’heure actuelle, il existe une pénurie de programmes d’établissement conçus pour répondre aux traumatismes vécus par les réfugiés. Si l’on élargit le champ d’application à la crise actuelle de la santé mentale en général, le potentiel réside dans l’élaboration de moyens permettant de fournir des formes d’assistance diversifiées qui ne se limitent pas à orienter les individus vers des thérapeutes. De nombreuses cultures stigmatisent la thérapie individualisée. Il est donc essentiel de comprendre les différences culturelles et d’établir un cadre canadien qui soutienne les personnes à la fois par une intervention thérapeutique et par la création de processus de guérison basés sur la communauté.
Les objectifs des programmes de navigation pour les nouveaux arrivants
Bianca Briciu est l’une des dirigeantes actuelles du programme du réseau N4 et de l’Université Saint-Paul (SPU) pour les professionnels de la santé formés à l’étranger (PSFE). Elle considère que les programmes et les processus mis en place pour accompagner les immigrants sont profondément importants, compte tenu des défis auxquels ils sont souvent confrontés. Au fur et à mesure que nous examinions la structure du programme, ses principales forces se sont révélées être la qualité de l’accompagnement et la restauration de l’espoir, ce qui est particulièrement important pour les PSFE, car leur parcours pour trouver un emploi convenable au Canada peut s’avérer difficile. « C’est une belle collaboration avec N4, nous avons toujours voulu un programme qui soutienne l’intégration culturelle et la mise en réseau des PSFE ».
Les témoignages sincères des participants témoignent de la réussite du programme. Bianca affirme que le programme aide les PSFE à comprendre la perspective canadienne et à voir que « le Canada n’est pas un endroit froid où personne ne se soucie des autres, il y a des gens qui se battent pour eux, ils ont des alliés qui veulent plus de politiques qui les aident ». Bianca conseille aux nouveaux arrivants confrontés à des difficultés de « Cherchez du soutien, communiquez avec les organismes d’aide à l’établissement et rapprochez-vous des membres de votre communauté. Vous n’êtes pas seul. » Elle estime que le contact humain est crucial au cours de la première période où l’on devient un nouvel arrivant au Canada. Elle reconnaît que le réseautage peut être difficile dans un nouvel environnement, mais l’accès aux organismes d’aide à l’établissement est une excellente occasion de se rendre compte que l’on n’est pas seul. Elle suggère également de faire preuve de patience face à l’expérience naturelle des émotions intenses et du sentiment d’être perdu à votre arrivée. Il est difficile de quitter un système interconnecté de familles et d’amis, et il faut un certain temps pour trouver son chemin et se sentir à l’aise dans une nouvelle culture.