L’histoire des Rohingyas : Le déplacement et le massacre d’un peuple apatride
Vous avez peut-être entendu parler du peuple Rohingya, un groupe ethnique majoritairement musulman qui réside principalement au Myanmar. L’histoire du peuple Rohingya est longue et difficile. Elle montre les conséquences réelles des préjugés sur les personnes les plus vulnérables ainsi que la responsabilité de la communauté internationale en ce qui concerne la protection et l’aide apportées aux communautés persécutées. Les Rohingyas, qui sont originaires de l’État de Rakhine au Myanmar, sont continuellement soumis à des déplacements depuis 1977, lorsque le groupe a été privé de sa citoyenneté. Cela s’est produit dans le cadre de ce que les autorités militaires birmanes (aujourd’hui Myanmar) ont appelé l’opération Dragon King, dont le but était de se débarrasser des étrangers. Cette opération a déclenché le terrible cycle de mauvais traitements et de déplacements auquel les Rohingyas font face. Tout au long de l’histoire, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh et dans d’autres pays voisins. Ils ont souvent été rapatriés, renvoyés dans le pays qui n’était plus le leur et qui ne voulait pas d’eux au départ. En 2017, le cycle a recommencé à un rythme alarmant lorsque des familles rohingyas ont été chassées du Myanmar lors de l’un des plus grands génocides et de l’une des plus grandes crises des droits de la personne que le monde moderne ait jamais connus.
Photo: Doinik Barta
On estime que 600 000 Rohingyas vivent encore actuellement dans l’État de Rakhine au Myanmar. Ces gens sont en danger constant et sont persécutés chaque jour. Fuir vers un autre pays n’est pas facile et ne garantit pas une vie meilleure pour beaucoup de Rohingyas. Ceux qui ont fui le Myanmar et les atrocités commises par le gouvernement ne sont guère « libres ». La majorité des Rohingyas, environ 900 000 d’entre eux, vivent dans des camps surpeuplés dans tout le Bangladesh. Le doute a souvent existé quant aux atrocités commises contre les Rohingyas étant donné que les hauts responsables du Myanmar nient les allégations de nettoyage ethnique et de génocide. Les photos et les histoires, cependant, présentent une version différente de la situation.
Les responsables du gouvernement du Myanmar ont tenté de faire taire les organes de presse relatant les histoires des réfugiés rohingyas. Cependant, les histoires des survivants continuent d’être racontées. Des histoires comme celle de Mohammed Younus, 13 ans, qui, lors de l’invasion de son village, avait reçu une balle dans la tête par les militaires. Sa famille et lui devaient quitter le Myanmar. Mohammed avait reçu des médicaments et sa famille avait commencé la longue marche vers le Bangladesh. Leila Begum a vu son mari être poignardé et tué juste à côté d’elle alors qu’ils fuyaient l’armée. Après avoir été séparée de ses fils pendant le chaos, elle est retournée au village et a trouvé leurs cadavres sur le sol. Ses filles et elle vivent maintenant dans la pauvreté, sans accès à l’éducation et à la stabilité, mais elles sont reconnaissantes pour leur sécurité. Lorsque les militaires ont commencé à mettre le feu aux maisons du village de Rohima Kadu, elle a pris ses petits-enfants et s’est enfuie, laissant sa fille malade derrière elle. De retour à la maison, elle a trouvé ce qui restait de sa fille. Aujourd’hui au Bangladesh, elle lutte pour nourrir ses petits-enfants et s’occuper de leurs besoins médicaux.
Beaucoup d’histoires que j’ai lues décrivent l’espoir d’un retour au Myanmar un jour. D’autres histoires montrent clairement que pour beaucoup, le Myanmar n’est plus « chez eux ». Les Rohingyas sont l’un des groupes les plus persécutés au monde et ils ont tous des histoires et des expériences différentes. Une chose qui ne peut être contestée, c’est qu’ils ont tous fait face à d’immenses difficultés et que leurs histoires et les dures réalités des Rohingyas doivent être racontées. La communauté internationale doit continuer à en parler, à dénoncer les actes effroyables du gouvernement du Myanmar et, surtout, à agir pour soutenir les Rohingyas.
Millie Lazovic
Étudiante à l'université Carleton
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